Session d’été 2019: l’importance de s’assumer
C’est la première journée de la session d’été. Je suis assise dans une classe universitaire, absorbée par les mots qui sortent de la bouche de la professeure. Après avoir introduit le contenu du cours, elle nous demande de créer individuellement un schéma conceptuel; elle mentionne que ces schémas l’aideront à mieux nous connaître et à adapter ses enseignements à nos besoins individuels. Elle précise qu’elle veut que nous soyons honnête. Selon elle, il est important de s’assumer.
Bonne élève, je me mets à la tâche sans rouspéter. Je me dessine du mieux de mes capacités et je trace des flèches qui partent de ma tête pour se diriger vers les quatre coins de la feuille. Au bout de ces flèches, j’écris des mots qui, je pense, décrivent bien mes intérêts et mes particularités: écriture, spiritualité, yoga, littérature, entraide, etc.
J’admire ma création. Je suis plutôt satisfaite, même si mes talents artistiques ne sont pas encore aussi développés que j’aimerais. La professeure commence à circuler. Elle s’arrête devant chaque élève afin de jeter un coup d’œil à leur fameux schéma. Quelque peu nerveuse, j’attends patiemment mon tour.
La spiritualité choque
La professeure arrive finalement à ma table. Elle prend mon schéma entre ses mains. Je la regarde pendant qu’elle traverse du regard ma feuille. Tout semble bien aller, elle semble apprécier sa lecture.
Tout d’un coup, son visage se crispe légèrement. Un air de dédain lui couvre le visage. Elle lâche enfin la feuille et me regarde: “La spiritualité?” me demande-t-elle. J’acquiesce en ne sachant pas où est le problème. “Eh bien”, dit-elle, “C’est… c’est particulier.” Elle me redonne enfin ma feuille et continue sa tournée. Comprenant que ma feuille l’avait un peu ébranlée, je rembobine dans ma tête les informations qu’elle nous a transmises à son sujet. J’y réfléchis une bonne minute avant de me souvenir qu’elle avait parlé de la logique. Je me souviens, entre autres, qu’elle avait mentionné que l’absence de logique et de cohérence la rendait malade. Peut-être que, pour elle, la spiritualité trahit une incapacité d’agir ou de penser logiquement. Espérant qu’elle survive à sa lecture de mon schéma conceptuel, je me promets de repenser à cet incident une fois le cours terminé.
La spiritualité = source de malaise(s)?
Deux ans plus tard, j’ai réussi le cours de la professeure en question bien que je n’aie pas encore terminé mon baccalauréat. Deux ans plus tard, je suis consciente que, pour certaines personnes, la spiritualité ne rime pas avec université.
J’en discutais justement il y a quelques jours dans le cadre du balado Eding Agapeo, mais il me semble que le sujet de la spiritualité ne fait pas l’unanimité.
Pourtant, à une autre époque, il n’y avait rien d’anormal dans le fait de proclamer s’intéresser à la spiritualité. À une autre époque qui n’est pas si lointaine, la spiritualité faisait partie intégrante du quotidien d’une majorité de personnes. Il n’y avait alors rien de gênant à en parler.
Lors de cet échange particulier avec la professeure, j’ai eu l’impression que celle-ci remettait en question mon intelligence parce que j’avais osé écrire “spiritualité” sur une feuille. Bien que sa réponse à mon schéma ait semblé trahir ses pensées, il reste qu’elle ne soit pas la seule personne dans la société à mettre au second plan tout ce qui touche au monde invisible.
Invisible = inexistant?
La spiritualité relève de ces choses que l’on ne peut pas pointer du doigt ni toucher. Cela relève d’une forme de croyance ou plutôt de la certitude que le monde est beaucoup plus que les informations fournies par nos sens. En parlant des sens, nous avons longtemps pensé que nous n’avions que cinq sens, soit le toucher, l’ouïe, l’odorat, la vue et le goût. Comme l’explique Cantin (1951), cette pensée découle principalement des écrits d’Aristote qui avançait “qu’il n’existe pas d’autre sens externe que les cinq sens traditionnels.” Néanmoins, François Le Corre, professeur en philosophie des sciences cognitives, explique dans sa thèse (2014) qu’il existerait en fait d’autres sens tels que la thermoception, la nociception, la proprioception et l’équilibriception.
Tandis que je vous laisse le loisir d’aller lire sur ces nouveaux sens, il est important de mentionner que ces sens ont toujours existé chez l’être humain. Toutefois, puisque ces sens sont internes plutôt qu’externes, invisibles plutôt qu’observables, les chercheurs n’y ont pas porté attention jusqu’à tout récemment. Ainsi, ce n’est pas parce que quelque chose est invisible qu’elle est inexistante. Dans la même logique, ce n’est pas parce que vos croyances spirituelles ne sont pas tangibles qu’elles ne sont pas véridiques. En fait, il est impossible de prouver la véracité de celles-ci tout comme il est impossible d’en prouver la fausseté. Un peu comme l’expliquait Kant, la raison humaine a ses limites; celle-ci ne peut pas prouver, du moins pour l’instant, l’existence de phénomènes métaphysiques.
S’assumer ici et maintenant
Pour certaines personnes, être un individu spirituel est un manque de logique. Ce serait un manque de cohérence, voire même un manque d’intelligence. Honnêtement, cela leur appartient. La façon dont nous menons notre vie et la façon dont ils perçoivent notre vie sont deux choses distinctes. En d’autres termes, peu importe ce que nous faisons, les gens qui vivent dans le préjugé auront toujours une opinion sur ce que nous sommes; cette opinion n’est certainement pas le miroir de notre existence.
Même si j’ai parfois l’impression que la spiritualité n’a pas sa place dans ce monde “cartésien” qu’est l’université ou tout autre milieu élitiste, il reste que je choisis d’être qui je suis pour moi-même et certainement pas pour plaire à une institution. Même si être spirituelle relevait de l’illogisme, je choisirais mon bien-être personnel avant la logique. Après tout, lorsque je jette un coup d’œil à mon relevé de notes, j’ai plutôt l’impression que l’Univers et mes croyances spirituelles m’aident à bien performer à l’école 😉
Blague à part, je croyais bon vous partager cette tranche de vie pour souligner que, même si la spiritualité est tabou dans certains milieux de la société, il ne faut jamais avoir peur de monter nos vraies couleurs, car ce sont celles-ci qui composent qui nous sommes. Nous sommes tous et toutes sur cette planète pour tenter de comprendre qui nous sommes et pour devenir la meilleure version de nous-même. Nous sommes la seule personne à vraiment connaître les profondeurs de notre être. Ne laissez personne vous définir. Soyez fier d’être vous.
Avec tout mon amour, Laura
Sources:
Fondatrice et rédactrice en chef d’Une fleur sauvage, Laura est une jeune femme rêveuse, passionnée, authentique. Chaque jour, elle tente de rendre le monde meilleur à sa façon. Elle écrit afin d’inspirer les gens à cultiver leur propre bonheur. Quand elle n’est pas plongée dans la lecture d’un livre, on la retrouve généralement en train d’étudier, d’apprendre diverses langues ou de faire des smoothies.
J’ai aimé ton texte ,je travaille beaucoup présentement sur (ici et maintenant )j’aime aussi le lâcher prise
quand je rencontre des difficultés pour m’apaiser et revenir dans le moment présent .Merci et bonne journée .