Dépassement de soi

Quand la tempête fait place à la paix intérieure

émotions

« En tant qu’êtres humains, notre grandeur ne réside pas tant dans notre capacité à refaire le monde que dans notre capacité à nous refaire nous-mêmes. » -Gandhi

La colère a toujours été cette émotion qui m’apeurait, celle que j’évitais en disant oui à tout, en ne m’affirmant pas pour éviter que l’orage survienne dans mon quotidien ou en relation avec les autres. Par son amour de la catégorisation, l’humain a qualifié les émotions de bonnes ou de mauvaises, ce qui sous-entend que certaines sont bien alors que d’autres sont à fuir, à reléguer au deuxième rang.

Étant tous des êtres d’émotions, nous venons au monde avec un certain déficit de ce côté, ne sachant nullement apprivoiser ces petites vagues qui envahissent notre corps et notre tête. Ce portrait nous laisse donc avec un certain handicap face à la gestion des émotions surtout celles qui frappent fort, nous laissant soudainement dépourvus, nus devant l’insurmontable.

Il n’est pas surprenant de constater qu’un nombre incroyable se penche vers des béquilles pour freiner les vagues d’émotions qui déferlent sur leur vie. Je parle ici, de l’alcool, de la drogue, du travail excessif et tout autre moyen pour oublier, ne serait-ce qu’un moment, les signaux que la vie nous envoie. Or, tout le monde sait pourtant que des béquilles sont un moyen temporaire pour reprendre des forces, se remettre sur pied et qu’un jour ou l’autre, la réalité va ressurgir, celle où le mal-être demandera juste d’être entendu.

Comprendre les émotions

Depuis une dizaine d’années, je tente d’apprivoiser, de comprendre et d’accueillir mes émotions, un concept bien abstrait qui ne se voit pas, qui semble souvent bien mystérieux, mais pourtant bien présent. Les émotions ont une fonction bien précise, soit de nous donner des signaux que quelque chose se passe, que nos besoins sont comblés ou non. La vie est merveilleuse dans le sens où elle nous donne des indicateurs formidables pour s’y connecter et réaligner notre route, mais avec le temps, à force de se fuir, les signaux ne sont plus autant lumineux et plutôt difficiles à saisir.

Je crois, hors de tout doute que les gens forts sont ceux qui se montrent vulnérables, qui parlent plutôt que de refouler et qui s’offrent le plus cadeau qui soit, se donner le droit d’être pleinement soi-même, de se connecter à notre flamme et de s’écouter.

Je dois dire que ce travail, soit celui de les reconnaître et de les laisser s’exprimer est encore pour moi un défi de tous les instants, et ce, surtout pour la colère. À travers mes différentes lectures, j’ai compris que la colère est une émotion bien puissante, car lorsqu’elle est bien gérée, elle est un puissant vecteur de changement qui nous pousse à agir. Elle est cette motivation pour tendre vers un chemin qui est en cohérence avec soi. Malheureusement, elle est souvent bien mal comprise, faute d’éducation sur la gestion des émotions ou encore d’une difficulté à se connecter à soi, elle devient une arme destructrice pour soi ou les autres. La colère en soi n’est donc pas nocive, ce sont les humains qui lui donnent des traits destructeurs, qui la transforment en violence, en agressivité, en autodestruction, allant même jusqu’au suicide.

Exploiter le plein potentiel de ses émotions

J’ai été de ces personnes, comme beaucoup d’autres, qui se sont servies à mauvais escient de cette émotion que l’on nomme la colère. J’avais une grande crainte de m’y connecter par peur de découvrir des parties de moi parsemées d’ombre, de devenir une personne différente et ultimement de ne pas être acceptée ou aimée. Tranquillement, je me suis éloignée de la fibre qui vibrait en moi pour tenter de m’adapter à un monde où le fait de vivre ses émotions déstabilise. Aujourd’hui, j’aime voir les émotions comme un cadeau de la vie pour sentir ce qui se passe en moi, pour accueillir et pour comprendre les besoins qui veulent être entendus. Parfois, elles me déstabilisent encore et me laissent dépourvue de moyens pour les accueillir sans agir dessus. C’est aussi la beauté de la vie que d’apprendre, se réajuster et cheminer.

Cesser de vivre dans la crainte

Je constate depuis longtemps que les gens ont aussi de la difficulté avec les émotions d’autrui, sans doute par crainte que ces dernières fassent ressurgir les leurs. En parler peut parfois créer chez l’autre des malaises, de la fermeture, des départs précipités ou encore une déconnexion, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il ne faut pas en parler. Nous venons d’une descendance où les gens avaient appris à se taire plutôt que dire, où les gens forts étaient ceux qui semblaient au-dessus de leurs émotions et en contrôle de leur vie.

Maintenant, je crois, hors de tout doute que les gens forts sont ceux qui se montrent vulnérables, qui parlent plutôt que de refouler et qui s’offrent le plus cadeau qui soit, se donner le droit d’être pleinement soi-même, de se connecter à notre flamme et de s’écouter. Pour que les mœurs changent, il est important de parler des émotions, d’opter pour la modélisation, d’ouvrir son cœur aux autres pour que l’espace soit là, celle où les gens peuvent reconnaître leurs souffrances, les accueillir et avoir la force d’aller à leur rencontre pour les apaiser.

2 Comments

  1. 👏 Tout me parle. Accepter ses émotions, être bienveillant avec soi-même nous permet d’avancer sur le chemin de la vie. Merci pour ce très beau message 🙏

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